La page vierge

Publié le par Gregor

Le doute nous assaillent, il faut du courage pour écrire, souvent ce que l’on pose sur une feuille nous déchire le ventre, on enfante dans la douleur et toutes les morales vulgaires, qui nous reviennent sans cesse, nous heurtent et nous rabaissent inexorablement. Les exemples vulgaires sont toujours des extrêmes, des événements choquants, avec lesquels ils manipulent notre entendement : des viols, des meurtres, des choses sordides ; contre lesquels même un libre penseur reste assez démuni. Mais pensez-vous que ces exemples dirigent le monde ? De quelques criminels on élève une morale, on terrorise les gens. Je ne pense pas que ces extrêmes, qui constituent une part infime de la vie des gens, soient à prendre avec plus de considération qu’ils n’en méritent, ce n’est pas parce qu’ils choquent qu’ils sont plus importants. À côté de cela combien de notions de bien et de mal gravitent : une multitude innombrable.
C’est vers cette multitude que doit se porter notre étude et non pas se contenter d’extrêmes caricaturaux.
Ces épouvantails ont la belle vie, les pédophiles et les psychopathes sont vraiment très utiles, ils permettent de fixer un mal absolu dans l’idéal des gens. Alors le petit bien triomphe… Nous autres nous savons que ces détraqués sont à plaindre, car ils courent à leur perte avec leur démon qui les ronge. Nous savons également que les victimes ne pourront jamais comprendre et que les victimes toucheront toujours plus la populace, qui peut s’identifier à ces victimes, alors que le malheureux criminel, qui n’y peut pas non plus grand-chose s'il est criminel, sera toujours incompris. Pour l’esprit commun, une pensé dirige un acte, qui lui-même demeure dans l’esprit comme image de l’acte mais : « autre chose est la pensée, autre chose l'action, autre chose l'image de l'action. La roue de la causalité ne roule pas entre ces choses. ». Cette phrase de Nietzsche donne à réfléchir.
Déjà la pensée n’est pas quelque chose de libre : les idées nous viennent et on ne les choisit pas, on peut seulement choisir ou non de les accepter.
Nos actes ne sont pas plus libres (à part de se gratter l’oreille), on peut être saisis par des pulsions plus fortes que notre raison, et elles ne dépendent pas directement de ce que l’on pense. Ainsi ce n’est pas parce que quelqu’un pensera toujours au bien d’autrui, qu’il ne commettra jamais d’actes sordides, si les pulsions qui l’animent sont mauvaises. Et enfin l’image que l’on se fait d’un acte est elle aussi trompeuse, souvent on lui donne de mauvaises raisons, car sait-on véritablement les motifs de nos actes ? Qu’est ce qui fait qu’on aura le courage d’aller aborder cette fille par exemple ?
Qu’est ce qui me donnera le courage de remplir cette page et bien d’autres encore, et qu’est-ce qui m’en rendra incapabe ?

Publié dans Philosophie

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