Je, est toujours un autre

Publié le par Gregor

Distraire mon coeur, piégé dans celui des autre, et l'horreur qui me glace le sang, je tire sur tout ce qui bouge, hargneux jusqu'à la déchirure, je vide mon sang pour nourrir de sombres crétins. 
Mes ratures, mes fautes, mon arrogance ! Ah tu sauras combien tout n'est qu'apparences, puisque je suis seul dans mon silence, seul et sans espérances, et pourtant, tout ce que j'ai acquis ! Peut être par vanité, sûrement pour écraser de mon pouce tous les autres destins !
Artiste !! Jusqu'à la mise à mort du délire artistique !
J'ai bien choisi d'échouer dans bien des domaines, mais n'ai jamais tenter réellement de réussir dans ce qui me semblait estimable, par crainte de ne pas être compris, par crainte de ne pas voir suffisamment clair !
Et c'est une chance, de ne pas avoir percé dans la musique, je me vois mal chanter des chansons d'adolescents à mon âge.
Et puis toutes ces satisfactions, pour lesquelles j'aurais volontiers vendu mon âme, si je n'avais pas eu peur, m'auraient rendu aussi vain que tous les autres, et j'aurais regardé Céline comme un parasite sans envergure.
Bref, j'aurais été une vraie garce, et c'est sans doute une part de mon bonheur actuel, d'être aussi frustré, méchant, envieux, et détestable.
Les seules oeuvres intéressantes ne sont-elles pas écrites par des êtres souffrants, malades, moralement sur le point de rupture ?
Sinon chacun porte ses masques, qui embellissent la vérité, sans en avoir conscience, ils pré-pensent leurs oeuvres, et y posent un peu de cette intoxication bourgeoise, de ce parfum raisonnable/déraisonnable.
Comment voir clair sans la contrainte des événements, qui détruisent pour nous tout idéalisme.
Sinon nous nous aimons trop pour y renoncer tout seul, il est impossible de ne pas craquer, ne serait- ce qu'avec les filles, il m'est impossible de ne pas rappeler, de ne pas agenouiller mes plus nobles ambitions, sur l'autel d'un baiser, d'un mot tendre, d'un jolie voile qui m'empêchera de voir demain ! Demain comme hier, pire qu'hier ! Puisque mon mensonge si subtil fut-il , peu à peu s'efface, je n'ai rien pour personne !
Une cigarette, un verre, une chanson, vite ! Le temps manque, un baiser ! Je n'aurai bientôt plus les moyens d'en recevoir, mes comptes s'épuisent, et tout ce que l'on a investi en moi, je l'ai brulé en cigarettes, bu et offert contre un peu de tendresse ! 
Et le pire de tout du tout, c'est que si vous m'en redonneriez je ne l'utiliserais pas mieux, rien ne proliférera jamais sur ma terre, mon cercueil puera autant que ma vie, et comme disait Omar Kahyam, rien qu'en sentant l'odeur des fleurs poussant dessus, les gens tomberont ivre, jusqu'à l'extase !
Je n'ai pas l'esprit pour ces choses là, le travail m'est une chose purement matérielle, ou amicale, car à condition de ne pas trop en demander, et de donner le minimum pour ne pas se faire "trop engueuler", on peut bien se marrer de temps en temps.
Rien à voir avec la nécessité, avec l'ambition, avec la fierté, avec l'identité et qu'en sais-je ? Pas grand chose à voir avec moi, si je suis effectivement un autre, en dehors du fait d'écrire !
"Mais je ne pense pas, on devrait dire on me pense ! " Et encore un point pour Rimbaud.

Publié dans Poésies

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