Poésies de Seignosse, été 2018

Publié le par Gregor

Pour ne pas dire aux fous que leur monde s’écroule
Nous ferons du silence un allié de première
Afin de, familiers des destins que l’on foule
Taire en nous le poison du temps qui désespère

Pour ne pas faire mal à la douleur tranquille
Pour ne pas abuser tous ceux qu’on désabuse
Afin de vivre vieux écrasé sur son île
Et de piéger cela que personne ne ruse

Nous garderons ces mots douloureux et frileux
Fruits d’imaginations elles-mêmes perverses
Nous nous rassurerons en nous couvrant les yeux

Et nous nous essaierons à des passions diverses
Mais quand viendra le temps des dernières saisons
Nous serons malheureux à en perdre raison

                                   
***

Non ! Nous ne dirons pas ces mots ternes et lents
Ni la douleur d’écrire au parfait finissant
Les tristesses de vies qu’on pèse et qu’on abrège
Rayant tout ce pathos qui devenait un piège

Mais les fleurs des vergers au style harmonieux
Nées pures par le vent, à s’en crever les yeux
Au jour fatal d’éclore au moment d’exister
S’il fallait demander le Mal s’est désisté

Nécessité d’airain, front sûr de Spinoza
Tu nous instruis de Dieu au sein des mimosas
Des lois de la Nature en un sens éternelles

Parfois tombée d’un toit, une tuile réveille
L’ignorant réfugié dans son profond sommeil
Alors tu dis la Joie d’une pure étincelle !

                                        
***

S’il fallait un sujet, ne m’en demandez pas !
Le style seul compose une fleur de prestige
Au fou agonisant qui vit de son litige
Avec le monde ambiant qu’il ne voit même pas

Est-ce une brute épaisse au bord de nulle part
Qui attend des amis écornant dans ses livres
Les pages infinies où les esprits s’enivrent
De pures poésies, toujours sur le départ ?

Est-ce un goût de vertige à la mort qui se pend
Piètre chauve-souris au réverbère allant
Ou bien un jour de noce, un funambule éteint

Qui cherche son allure en traçant son chemin
Perdu dans l’univers sans un brin d’espérance
À renouer le fil, rompu, de sa romance ?

                                             
***

L’astre nauséabond qui me guide et m’éprouve
Enragé, me surprend au bras de ma chérie
Il voudrait qu’en Enfer finalement je trouve
Douce la mort, lassé, de subir cette vie

Polyxène finit la sienne misérable
Née pour être reine puis changée en esclave
Son sort lui a rendu la mort plus désirable
Et nous sommes pareils piégés dans cette enclave

Cette terre éprouvée qui nous sert de linceul
Abandonnés de tous nous nous retrouvons seuls
Bienheureux les amis qui résistent ensemble

Au coup du sort boiteux qui souvent désassemble
Jamais plus être heureux jamais plus de franchise
Mais devoir se cacher des tyrans qui nous brisent

Publié dans Poésies

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article