Aux parents

Publié le par Grégor

Ce texte ne s’adresse pas particulièrement à des parents que je fréquenterais, mais plutôt, en tant qu’observateur extérieur, à certains comportements que j’ai pu remarquer et qui m’exaspèrent profondément.
Tout d’abord l’école est le milieu où les enfants apprennent à vivre en société, pourtant l’éducation parentale n’est pas censée contredire cet apprentissage mais l’encourager. Or, loin d’encourager les professeurs et ceux qui représentent l’autorité, les parents, déjà par l’exemple qu’ils donnent, sapent leur autorité et encouragent leurs enfants à ne pas respecter les règles de vie en société.
J’ai eu la chance de pratiquer un noble sport, le rugby, qui est aussi appelé par les éducateurs et je crois à juste titre : école de la vie. En effet, on y apprend le respect des adversaires et de l’arbitre. Ceux qui contredisent l’arbitre, contrairement au football, pénalisent leur équipe de 10 mètres, voire même une pénalité (qui peut être retournée pour contestation).
On y apprend que même si l’arbitre à tort, il a raison quand même. Or, cela est tout à fait inconcevable pour les nouveaux parents qui considèrent tout comme une injustice envers leur enfant chéri, leur roi, leur tyran. Car enfin, tout devient prétexte à négociation, contestation et au final un manque de respect croissant envers celui qui incarne la règle, la justice, l’autorité.
L’exemple de Socrate, bien qu’extrême, est édifiant, qui refusa d’être secouru de la peine capitale, par respect envers les lois qu’il avait défendues toute sa vie. Car le fait qu’il existe des règles est le plus important et même si l’arbitre n’est pas parfait (et comment pourrait-il l’être ? les enfants, les joueurs, les parents, le sont-ils davantage ?), sans arbitre, sans professeur, pas de match, pas de classe. Pas de vie en société sans règles.
Or, de nos jours les parent sont dans une exigence infinie envers les professeurs, dont ils scrutent les méthodes (sans bien les comprendre d’ailleurs), mais n’ont aucun regard critique sur leur manque d’autorité.
Car enfin, éduquer, cela ne consiste pas à faire continuellement plaisir à ses enfants, et à les gâter de plaisirs vides et insignifiants, mais à leur donner le goût de l’effort pour les belles choses qui en valent la peine.
L’idée de faire entrer les parents dans l’école était sans doute pleine de bonnes intentions, mais de la même manière que les parents confondent offrir le dernier portable avec offrir une éducation digne de ce nom, ils pensent que l’école est un genre de centre commercial où ils pourront donner leur avis en sortant avec leur petite critique et les petites étoiles, de 1 à 5 : le client est roi, vive le tyran !
Non ! Les parents ont d’abord, comme tout un chacun, des devoirs ! Le devoir d’éduquer leurs enfants d’abord. Or, l’éducation c’est de la frustration, du dressage, n’en déplaise aux belles âmes, et éduquer trente enfants ce n’est pas en éduquer un ou deux. La négociation avec un enfant c’est déjà pénible, quand il est, comme souvent, de mauvaise foi, mais avec trente, c’est tout simplement de la folie.
À force de punition, de surveillance, de contrôle, de vérification, on arrive à éduquer à peu près des jeunes gens à se tenir correctement, on leur donne de bonnes habitudes, et c’est un premier pas vers la vertu. Les plus intelligents comprennent assez vite qu’il faut agir ainsi dans l’intérêt de tous et que l’intérêt particulier passe par la conscience de l’intérêt de chacun.
Ainsi il est quatre catégories de citoyens :
Les premier et les meilleurs agissent vertueusement parce qu’ils ont compris que c’était l’intérêt de tous, ce sont des sages, des êtres supérieurs et universels.
Ensuite il existe ceux qui sont justes malins ou prudents et qui veulent éviter une punition ou espèrent une récompense. Encore faut-il que des sanctions existent et que les parents ne rechignent pas à voir leur enfant chéri, roi et tyran, être soumis à la même règle que tout le monde et à ne pas faire ce qu’il veut aux dépens des autres. Je ne comprends pas de tels parents, ils supporteraient volontiers, à leur propre honte et celle de leur enfant, que celui-ci fasse subir l’enfer aux autres, afin de lui épargner une frustration, un petit désagrément, une punition. C’est un scandale !
Ensuite, viennent les fautifs, mais honnêtes, quand ils sont pris, ils acceptent de subir la règle.
Enfin, vient la lie de la société, qui ne cesse de gonfler désespérément, de ceux qui enfreignent la règle et refusent les conséquences de leurs actes, voire qui remettent quand cela les arrange les règles en question et préféreraient un retour à l’état de nature ou au droit du plus fort,  c’est-à-dire, l
a tyrannie de tous contre tous, plutôt que d’accepter d’être en faute.
En réalité beaucoup de gens ont totalement renoncé à la moindre éthique, ils espèrent et fantasment à ce point leur vie, que vivant dans la faute, ils enragent seulement à l’idée d’être rappelés à la réalité et se croient tout puissants, pathologiquement.
Ils haïssent l’autorité, au nom de leur fausse liberté, qui est une dangereuse tyrannie : tyrannie de leur esprit déjà, où les passions contrôlent leur raison, puis si l’on appliquait leur méthode à la société, ce serait une tyrannie générale, un règne de la plus grave barbarie.
Ne nous trompons pas de combat, ces âmes déréglées sont la barbarie de demain !
Il est temps de rappeler aux individus qu’ils ne sont pas tout puissants et que l’intérêt général prime sur leur mesquine personne. Toute l’éducation doit viser à ce décentrement de l’individu, dans sont intérêt d’abord, car ils sont bien à plaindre, ces adolescents perpétuels, qui ne savent ni se tenir correctement, ni contrôler leurs passions, qui n’accomplissent jamais rien, ces vents déchaînés, ces tourbillons de bêtise. Mais celui qui est encore plus à plaindre, c’est le pauvre professeur, enfermé plusieurs heures par jour avec ces fous furieux, qui même s’ils ne représentent pas la totalité d’une classe, sont de véritables parasites, impossibles à éradiquer.



 

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