Des débris

Publié le par Gregor

Des débris, et du soleil, dansent, dansent, et me leurrent, j’avance en plein phare, faut pas que j’m’égare, mes pas légers, me dépassent, comme quand se sépare, ma putain d’vie dans l’espace.
Une tête plein d’étoiles, pour crier tout le long, des reflets de mes rêves, dans l’eau couleur brique, rose, comme mes joues qui sans raison, d’un fil tire un peu plus sous terre, ma tête alcoolique.
Je ne vis qu’en attendant, la fin de cette longue avenue, et je jure de temps en temps, que j’irai loin de ce chemin sans issue ; l’impasse, c’est cet habituel aujourd’hui, demain, peut-être mon seul paradis.     
Y'a pas d’chwing gum sous mes godasses, rien qui ne retienne mon corps qui passe, plus tard, dans ces rues que je n’aurai jamais vues, des visages étonnés de me voir perdu, épars, j’aurai déjà disparu, autre part.
Mais devant chaque paysage, des tonnes de souvenirs giflent mon visage, des débuts de soirées, et leur fin posée sur les marches de Saint Georges à blaguer.
Je ne me rappelle jamais de ce que j’ai fait au milieu de ces putains d’soirées, les mauvaises langues diront que j’étais trop bourré.
Poser mon cul sur un transat, et attendre que le temps s’gatte, plus tôt que d’fourrer mon poing partout, où la vie ne vaut plus l’coup.
Entre oisiveté et liberté, ma vie n’a plus de sens, et j’entends sous mes pas qui résonnent, les putains d’conneries que les autres marmonnent, je n’ai pas envie de vivre à contre sens, mais y'a trop de monde prioritaire, je m’demande ce que j’gagnerais à les foutre tous en l’air.
Je ne suis qu’un gosse, sans formulaire d'identité, qui devient ce qu'il n'est pas encore, de rêves brisés en mais encore... De ports en ports, voiles qui s'étoilent, en poissons d'or, qui s'font la mâle.
On peut essayer de mettre le frein à main, souffler un moment, s’poser quelque part, goûter l’bonheur pour quelques heures, un temps seulement puis fanent les fleurs.
Leurs odeurs depuis me lassèrent quand je dors, je les sens transpirer et se moucher contre mon corps, des images abstraites et des portraits ciselés, dans le vague embrumé, j’ éternue l’air humé, et les joies enrhumées me reviennent par milliers.
Qu’il est loin ce temps où l’on s’éprend, qu’il est loin mon tableau idyllique…
Ici, on vit loin de la Vérité, sans même chercher à la deviner, on fait du fric sur les plus crédules, car l’argent n’a pas de scrupules.  
Ici, on ne vit plus au pays des merveilles, Alice suce pour paraître plus vielle, les nuits sont éternelles, et y’a des cadavres derrières les poubelles.
Et s’envoyer en l’air pour alléger l’existence, tenter d’chopper un de ces fameux anges de la providence.
Encore un mensonge qu’on nous laisse miroiter, le Dieu moderne, s’il existe, se fait du blé dans son building, se tire des rails de cocaïne, sans attendre le jugement dernier.
Des débris que je laisse me tressent un long fil invisible, que je vous aime, plus que moi-même, que le temps est court pour vous dire tout, tout ce que l’on peut ressentir, des mots, des gestes, des regards pétrifiés et tant d’hésitations avortées... Ne suffisent pas.
Comment exprimer l’inexprimable ? Transpercer l’imperméable, à coups de fronde dans la Joconde, elle est palpable dans le néant, sur des visages, les trains fantômes colorent les plaines, et puis les peines se cimetièrent…

Six pieds sous terre leurs cœurs raisonnent, les amours se meurent, débris des hommes.

 

Publié dans Poésies

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