Qui voudrait aller nulle part ?

Publié le par Gregor

En sortant des cinés, des rires étouffés, mon ventre endoloris, s’enfonçait dans la nuit. La divergence de nos regards, remplissait la nuit noire, nos mains qui se joignaient nous mettaient en retard. Les horloges grinçaient, il fallait être aveugle, je n’allais nulle part, j’espérais, autre part… J’étais avili, je devenais esclave, amoureux asservi, qu’importe tout est égal, puisque dans mon délire, puisque j’allais occire, et puis pour en finir, vidé de ma mémoire ces souvenirs épars. Ranger mon âme éteinte, dans des fossés bizarres, regarder le néant et ses lourdes mâchoires, je t’aime beauté cruelle, je t’aime mon étincelle. Tout est emprunt d’espoir, de despotiques chimères, sinon la vie s’efface, et nous transforme en pierre. Si elle m’aimait elle irait à sa perte, je raccroche mes yeux, je baisse un peu la tête, le jour se lève à peine.
Avant que tout ne s’efface, mon Dieu, avant d’être seul comme un rien, une douleur, une impasse, l’absence d’émotion, la mort des sentiments. Avant d’être si vidé de lumière, que les gens en me voyant détourneront leurs chemins, tu sais comme j’aimerais pouvoir faire quelque chose de bien, mais rien n’y fait…
Et que pourrais-je faire ?
Dis-moi n’importe quoi, et tu sais que je le ferai, pour toi mon amour rien n’est impossible. Chacun le sait, qui peut feindre de l’ignorer ? Sans cet espoir la vie est impossible. Chacun construit son drame, je ne conseillerais à personne de suivre le mien, mais puisque je sais ma fatalité, puisqu’elle construit ma réalité, je ne peux l’éteindre sans me souffler moi-même.
Oui, c’est mal, mauvais, stupide, mais telle est ma vie, cela ne vaut -il pas, tout ce qui est autre ? Déjà j’ai épuisé la valeur des choses, mais chaque fois mon cœur s’élève et puis retombe, et tout ce qui peut briller devient morose.
L'absence est un besoin, l'art une maladie, dérèglement des sens, refus du réel, besoin d’inventer, nécessité de créer. Je me complais à cela, je voudrais pouvoir croire que c’est mon destin, en vérité je n’en sais rien, mais puisque le diable m’emporte, alors je subis, je contrains mon cœur et ma force, jusqu’à l’envol, je laisse libre cours à son imprévisibilité, à son charme, à ses inventions.
Savez-vous en quoi croire ? Vous avez de la chance, Dieu vous bénisse, moi je sais des choses, mais croire est tout autre, bien supérieur, car il s’agit d’inventer, oui ! Il s’agit de quelque chose qui n’existe pas encore ! Et ni vous ni moi, ne pourrions en juger, telle est l’immensité des choses, la profondeur de l’âme, le paradoxe de l’abime et du sublime. Y croire est dangereux, mais nier c’est nier la vie.
Alors je n’existe pas, je n’existe pas encore, laissez moi rien qu’une fois à nouveau m’élever au dessus de moi même, qu’importe si je retombe avec pertes et fracas, je saurai que j’existe, et à la fois que je n’existe pas.

J’aurai cette douleur et cette espérance à la fois.

Publié dans Poésies

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