Quelques précisions...

Publié le par Grégor

La raison est arraisonnante. Elle fait de l'homme un objet.
Cela ne signifie pas qu'il faille y renoncer. Juste la remettre à sa place. L'émotion, l'angoisse notamment, nous révèle quelque chose, mais qui, si l'on reste philosophe, demeure une question ouverte. La raison recouvre de ses certitudes toute question fondamentale.
Elle masque la vérité fondamentale de l'homme. Pour autant, tout cela n'enlève rien à ce que la raison a de positif. C'est un dépassement de la raison, un peu au sens hégélien
1, rien n'est enlevé à la raison (et la science particulièrement), tout est conservé intégralement, mais une limite a été posée, qui permet de voir ce à quoi la raison est aveugle. Donc première partie : la raison, deuxième partie : limite de la raison, troisième partie : dépassement de la raison.

Quant à opposer la foi que l’on oppose souvent à la raison, je ne l'ai pas du tout. Mais je crois la comprendre, spirituellement. Il me semble seulement que les croyants affirment des choses qui les dépassent, et croient sur parole sans être suffisamment sceptiques.
Qui plus est, l’opposition foi ou raison est assez binaire. Elle exclut le tiers qui est le plus fondamental, celui de la liberté humaine.


Il est possible de réduire la pensée à la raison. Dans le cadre par exemple d’un humanisme éclairé. Le point de vue humaniste est totalement compatible avec notre pensée. Si nous voulions contredire la raison, il nous faudrait fournir une raison, nous resterions donc prisonniers de la logique. Nous ne cherchons pas à contredire mais à dire autrement. Nous ne croyons pas à la séparation entre subjectif et objectif. De même la séparation entre le vrai et le faux est déjà une dérivation de la vérité.  Ne pas arriver à convaincre, ni à persuader, nous contrarie toujours, car même si ce n'est pas un argument rationnel que nous donnons, il partage avec la raison, une visée universelle.

Pour nous, c'est la raison qui est sans fondement universel.
Sans sol dirait Heidegger.

Notre pensée n'a rien à voir avec la foi par contre. Pour nous, c'est hors sujet.
Nous ne demandons pas de croire mais de penser.
La raison d'une certaine manière ne pense pas.

La preuve est rationnelle, au niveau de l'énoncé théorique.
Mais l'évidence de notre existence et de l'existence du monde n'est pas du domaine de la preuve. Ce que montre très bien Descartes qui cherche une preuve de l'existence du monde en Dieu. Il n'a pas compris qu'il était déjà dans la vérité. Cette vérité banale dans laquelle nous sommes tous déjà et qui n'a pas besoin de preuve. Nous n'avons pas besoin de preuve par exemple pour boire un café.
C'est très bête tellement c'est simple. Descartes ne disposait pas d'une analyse suffisante de l'existence humaine, il a tout simplement raté le monde. Certains réussissent l'exploit de marcher sur la lune, la raison réussit l'exploit de ne plus marcher sur la terre !


Il faut éviter de confondre la certitude et la vérité. La vérité n'a pas besoin de preuves. Pourquoi vouloir des preuves ? Avons-nous seulement envisagé ce qu'est la vérité avant d'exiger d'elle des preuves.

La raison suppose la vérité et non l'inverse.

Ce sont des discussions passionnantes. « Ma seule étoile » dirait Heidegger.

Nous parlons au niveau ontologique. De vérité ontologique.

Nous comprenons spontanément les chose.

Par exemple cette tasse comme tasse pour boire.
Au-delà des Pyrénées cette tasse servira peut-être à autre chose.
On ne verra pas la tasse de la même manière, on ne l'utilisera pas pareil.
Quel est l'être de la tasse alors ?
Aucune des deux utilisations de la tasse n'est fausse, elles sont vraies toutes les deux.
Il n'y a pas de vrai ou de faux être-utilisable de la tasse.
Si l’on commence à dire : « la tasse sert à boire ».
Alors on prononce un jugement qui va devenir autonome par rapport à l'utilisation première de la tasse.
Alors quelque habitant d'un autre pays viendra peut-être nous dire que c'est faux et qu'elle sert à autre chose.
Pourtant elle nous a quand même servi à boire.

L'être en soi d'une chose est une mystification de la raison. Il n'y a que du pour soi. La raison permet de dire quelque chose qui soit valable pour tous. C'est une preuve quand tous les êtres raisonnables peuvent se mettre d'accord sur un énoncé théorique. Ils peuvent chacun vérifier que l'énoncé théorique correspond bien à la chose dont il parle. C'est très pratique.

Cela ne nous dira jamais comment il faut utiliser la tasse. Et chacun continuera de l'utiliser comme il l'entend. Et cette chose sera comme il l'entend.

1. Il faut tout de même noter que chez Hegel, la raison n’a pas du tout la signification que nous lui donnons dans ce texte, où ce que nous nommons raison correspond à l’entendement fini chez Hegel. Hegel a sans doute raison, mais nous ne connaissions pas sa pensée au moment où nous avons écrit ce texte.

 

Publié dans Philosophie

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