Balades

Publié le par Gregor

Vertes pâtures, cisaillées par l’étrange
Pinceau qui mélange, l’azur en feu des branches
Un couple avance en se tenant la main
Dans les allées blanches, tout près d’un sapin

La lumière coule doucement le long des ramures
Semblable aux liqueurs dorées véhémentes
Les feuilles glissent au vent un savoureux murmure
Tout est calme et paisible, la nature est patiente

Près des nénuphars roses, et des mares de mousse
Repose un petit vieux sous son chapeau de paille
De temps en temps une grenouille éclabousse
Les libellules prises sous le feu des mitrailles

Et nous qui décuvions nos nocturnes veillées
Nous étions couchés là, à l’ombre des bosquets
Fumant, rêvant, flânant, les bleuités délices
D’une après-midi tiède et verte, couverte de malice

C’est le bon temps des fleurs aux senteurs opiacées
Des délires et des pleurs aux sensations dispersées
Des voyages en forêt, des espaces sans frontières
C’est l’instant immédiat, la perte des repères

Dans une clairière mauve aux senteurs d’alcôves
Où s’échoient des rameurs dérivant sur des nuages
Roses clairs, au regard d'un soleil rouge fauve
Tandis que bourdonnent les mouches en de noirs pâturages 

Il arriva ce que l’on pressentait depuis longtemps
Les nuages étaient menteurs et les mouches innombrables
Alors mon entourage se figea lentement
Comme un portrait mural aux couleurs impalpables

Cheminant, seul et triste même avec mes amis
Je voyais encore danser mille oiseaux enflammés
Dans les volutes claires par un ciel assombri
Je compris bien avant l’heure, l’orage de fumée

Toujours la même fin, désespérément triste
D’autres s’aiment jusqu’à la fin des temps
Sans se soucier des jours qui lentement s’effritent
Sur nos bancales joies où vacillent les tourments

J’ai vue danser son onde sur les remparts maudits
Et pleurer son image floue et teintée de morve
Dans les calendes niaises où la joue assoupie
Sur les routes enchantées par un ciel rouge et mauve

Navrante solitude aux faux cols de parures
Qui pousse aux bords des abords de la mort
Vivre en ces pages écrites et peintes sous la coulure
D’une encre mal aiguisée en de tristes accords

Les vomissures brunes tachées du sang noirci
Où le cœur d’un damné frappe à la poitrine
Par ces temps métropoles d’emblèmes étourdis
Je pisse sur le flanc coloré des vitrines

Toussotant la nuit verte laqueuse des charbons
Ravalant les mégots roses et sans histoire
Fanfares et tonneaux roulant avec les noms
Connus et moins connus versés dans ma mémoire

Elle, toute mignonne, enrubannée de tendresse
Encerclée par les gens, vitrail phosphorescent
Ô couleurs blêmes et pâles, passa tout près l’ivresse
Quand je saisis sa veste il n’y avait rien dedans

Les noirceurs ont la peau tendre de violettes pensées
Pareilles aux méchancetés qui vont à disparaître
Et voir l’amour renaître, mille fois emporté
Jusqu’ aux confins d’été, jusqu’aux confins de l’Être

Publié dans Poésies

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article