Économie souterraine
Ils ont tiré à bout
Les nerfs du genre humain
Accrochés à des chiffres
Floutés les lendemains
Les entrepôts des songes
De cartons en cartons
On voit des gars qui plongent
Dans les hangars profonds
L’organisation se parachève
Sur les miettes de nos envies
C’est tant de vies qu’on achève
En promettant le paradis
Et cet ouvrier sourit
Mais comme l’ignore la jeunesse
Assise dans son fauteuil vernie
Elle songe à d’autres ivresses
Les cartons lui viendront
Pleins de cadeaux jolis
Ils béniront à l’unisson
Le système qui les nourrit
Où des hommes accrochés
À leurs deux tâches quotidiennes
Vivent un enfer
Cloués en file indienne
C’est l’esprit à acquérir
L’esprit de sacrifice
A qui veut bien aller quérir
Les myriades de l’artifice
Aller éponger le chagrin
Dans la bière chérubine
Afin d’oublier les catins
Qui dévalisent les vitrines
C’est la vie lente
En prix de vente
Plaisir à l’aise
Dans leurs foutaises
C’est l’économie de marché
Qui aime plaire et saliver
Le long des rues incolores
Où les pauvres gens picorent
On fustige la fainéantise
Ce drôle de refus volontaire
D’aller danser sur de la braise
D’où fume l’écarlate bêtise
Aïe ! Comme brûlent ces épines
Qu’on lance sous les pieds
De celui qui fait mine
D’être désintéressé
On électrocute les désinvoltes
Dans leurs comas éthyliques
Au moins n’ont pas vendu l’Afrique
Mais on dira que c’est leur faute
Chômage et temps qui passe
On a bien maquillé la Vérité
Et c’est toujours le dernier wagon qu’on détache
Et c’est toujours les premiers cons qui passent
Perdu, d’isolation
Soleil, à l’abandon
Mines d’aubépines au crayon
Toussées par le charbon
L’avenir suicidé
Fais ce qu’il te plait
Et le passé suscité
Te demande pardon