La force de l’esprit

Publié le par Gregor

L’esprit est comme une lucarne, ouverte vers l’infini, qui oublie sa vie, sa situation sociale, le regard des autres, et pendant un moment, il chatouille les oiseaux dans l’immensité de l’azur.
Sa conscience s’élargit, elle embrasse l’immensité de l’espace et du temps, et le petit dé à coudre, dans lequel on se mire chaque jour, pour un instant devient transparent.
Nous voyons nos chaines en souriant, nous rions comme des enfants, en éclaboussant le soleil de nos rayons multicolores. Cette distance stellaire, nous rend semblables aux étoiles et nous mettons des aurores, dans nos chagrins et nos peines. Bien sûr nous demeurons invisibles et ce matin j’ai mis mon masque, j’allais dans la vie, je l’ai choisi rieur et bon enfant, sans haine et sans mépris pour mon prochain, je l’ai choisi aimable et sensible, idiot et docile. À deux mille années-lumière de tout ce que j’ai pu penser et écrire, j’allais rejoindre mes amis.
Je n’ai pas tellement de projets, qui dépassent ceux de ma vie immédiate, à savoir chez qui on va ce soir, qu’est-ce qu’on va se faire à manger, se cotiser pour acheter de l’alcool, chez qui je vais dormir, etc.… Un jour il me faudra travailler car je profite de l’argent que gagnent mes parents, quel métier vais-je choisir ? Dans quel secteur ? Je n’en sais rien et je ne veux surtout pas savoir. Je ne suis pas quelqu’un de doué, par rapport à des amis qui réussissent tout, par rapport à mes petites cousines exceptionnelles, j’ai toujours été moyen, parfois j’ai eu quelques réussites ponctuelles, mais vraiment socialement je ne suis en rien exceptionnel.
En fait très tôt j’ai cherché à mettre du sens dans ma vie et dans la vie en général, j’ai fouillé, trituré mon cerveau et je dois dire que je n’ai jamais trouvé de réponses satisfaisantes.
Comment expliquer ce qui m’est toujours demeuré inaccessible, je suis un bien mauvais écrivain, car je n’arrive pas à dévoiler aux autres ce qui a toujours fait ma richesse.
Peut-on connaitre ce qui constitue le meilleur de nous-mêmes ?
Des étoiles dans les yeux, une écume dans la voix, une faculté pour comprendre les autres et l’incapacité de se comprendre soi-même, toujours jouer à cache-cache et demeurer imprévisible à soi même, pour dérouter les autres et finalement les inviter à jouer avec nous.
Résoudre des énigmes et l’alchimie du bonheur, cette insouciance enfantine, qui se rie des adultes, ces incultes sans mémoire, qui vident leurs sermons naufragés, des épopées dangereuses, qu’ils ont quand même traversées. Enfin tous les adultes ne sont pas adultes, souvent ils ne le sont que par rapport aux enfants,  et ils s’imaginent souvent qu’en étant sérieux la vie devient également quelque chose de sérieux, de déterminé et de sensé.
Alors les enfants s’imaginent cette espèce de vie idéale et ils commencent à porter leurs poids avec la bonne humeur qui sied aux hommes d’action.
Réussir ou bien échouer, quand la vie n’a pas de sens, cela a-t-il vraiment de l’importance ?
Si l’on dépasse la satisfaction ou l’insatisfaction de notre vanité, si l’on accepte notre condition sociale et le masque que l’on doit porter, qu’on ne prétend pas vouloir changer le monde, peut-être le rendre meilleur, dans la mesure de nos capacités.
Si l’on dépasse la frustration de voir des imbéciles réussir et faire proliférer leur bêtise, on peut se dire et c’est un bon remède, que l’on est supérieur à eux, et tirer bonne fierté du caractère relativement exceptionnel de notre richesse intérieure.
Cette richesse-là, il faut pouvoir la développer, pour cela je me préconise le travail le plus tranquille possible, pourquoi pas concierge ou un truc dans le genre (je dis cela car je commence à lire L’Élégance du hérisson), bien à l’abri, une petite niche où l’on puisse continuer notre chemin.
Ça fait longtemps que je pense à me retirer du monde pour pouvoir méditer et me cultiver, devenir une sorte de sage, un soldat inconnu, avec un déguisement des plus subtils, cela ne serait-il pas la perfection absolue ?
Si tant est que j’y arrive, car la subtilité n’est pas un domaine dans lequel j’excelle, mon oncle à qui je rends honneur, est bien plus subtil que moi par exemple, mais bon, avec le temps on devient plus nuancé.
Quand je pense que l’on hôte aux gens ce qu’ils ont de plus précieux au monde : l’esprit. Mon cœur se chagrinne, c’est à cause de ce chagrin que je les traite de moutons et d’esclaves et que je me voudrais bien méchant à leur égard, mais je ne puis m’y résoudre : je ne suis pas assez bon.
Alors je les regarde courir dans la vie, comme des enfants qui jouent, bien conscient que c’est un jeu, dangeureux…
Le jour où je serai vraiment sage, demeurer invisible, inconnu, ne me touchera plus, le jour où je serai débarrassé de toute ma vanité.

Ce jour sonne déjà dans mon cœur, d’une musique douce et légére, un parfum s’éléve dans l’air, semblable aux pins humides des landes.
Et dans le silence retrouvé, eh bien, très chère âme, ne serait-ce la fin des temps, un recommencement ?

 

 

Publié dans Philosophie

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