Alors nous vivons accrochés comme des ombres aux paroles, vains fantômes sans substance, vrais génies frottés à la lampe des grimoires, notre âme même qui vit et ne peut prendre forme, tout d'un coup, nourrie par l'aliment du Verbe enchanteur, se met, pantin sans fil, relié aux trames d'intrigues imaginées par un autre, à marcher, que dis-je ?, funambules dans l'air titubant des soirs inouïs !, véritablement possédés par cette alchimie merveilleuse, nous vivons, par le souffle d'un autre, notre seule existence possible... Quand le Livre se referme nous regagnons nos armoires.
Antisocial Sur les trottoirs pourris que longe mon ennui La monotone envie de marcher pour de vrai Me reprend et fredonne une chanson amie Dans le vent fou qu’agitent mes si tristes pensées Un exil qui m’appelle au loin s’est dissipé De tel voyage fait...
Le soleil s’est couché ou ne s’est pas levé Et le monde plongé dans un obscur chemin Sans nom et sans couleur ne peut plus fonctionner Alors surgit le doute opaque au genre humain Les pensées claires et distinctes se taisent Tant le silence avare avale...
I Pleure mon âme pleure et souviens-toi de lui Dont le bonheur a fait tant de bien à ses proches Maudite maladie quelle mauvaise pioche Et comme il était maigre à la fin de sa vie J’allais donc au travail remuer ma chair lasse Quand j’appris ce malheur...
Je ne sais d’où tu viens, mais je sais où tu vas Le ciel ne touche pas la cime de ton âme Tu marches vers la mort et creuses à chaque pas Malgré tant de succès l’abîme de ton drame Mortel sans le vouloir et piégé dans la danse Macabre des mourants et...
Mais pourquoi cherchez-vous à bien faire ici-bas ? Que croyez-vous atteindre en commettant cet acte ? Le Graal dont vous rêvez pas un seul ne l'aura Et nous avons signé un diabolique pacte Quel est ce bien amer que vous poursuivez mal ? Car notre terre...
Je n’ai pour souvenir que l’ombre de ma vie Habitant le non-sens j’hésite et je me penche Vers ces anciens amis vers ces autres envies Suppliant que mes vers ternis se réenclenchent Mes mauvaises années ont fait de moi un lâche J’attends la mort sans...
Insaisissables fruits vain projet de Tantale Être à portée d’un gouffre un moment trébuchant Combien nous faudra-t-il improviser de chants Avant de déployer nos ailes sidérales Nous allions triomphant verser sur quelques mouches Les gloires d’un seul...
Par un élan soudain de fraternité vaine Nous refusions la joie comme un des biens du monde Notre regard austère avait bien de la peine En se sentant parmi les pauvres gens qu’on gronde L’air glacial qui tombait d’une chétive étoile Perçait jusqu’à leurs...
Un inconnu passe sous une fenêtre close Et qui demandera ce que faisait cet homme ? Où il allait ? Comment ? Il tenait une rose Titubant dans le soir ses six verres de rhum C’était un grand seigneur amoureux d’une femme Qui vivait pour l’honneur mais...
J’ai manqué de mourir de joie n’approche pas Serpent damné serpent dont je ne puis rien faire Entretenir ton corps langoureux et sournois Dans mon humble demeure où les maux seuls s’affairent Entretenir de rêve un cœur comme le tien De projets de bonheur...
