Alors nous vivons accrochés comme des ombres aux paroles, vains fantômes sans substance, vrais génies frottés à la lampe des grimoires, notre âme même qui vit et ne peut prendre forme, tout d'un coup, nourrie par l'aliment du Verbe enchanteur, se met, pantin sans fil, relié aux trames d'intrigues imaginées par un autre, à marcher, que dis-je ?, funambules dans l'air titubant des soirs inouïs !, véritablement possédés par cette alchimie merveilleuse, nous vivons, par le souffle d'un autre, notre seule existence possible... Quand le Livre se referme nous regagnons nos armoires.
Poèmes brefs I La douce ivresse sans lendemain Colonne de fumée dans le matin Braises originales enbaumées de clarté S’attristent sur les pentes de l’été II Seviteurs de la parole nous entendons L’oiseau qui hante les parcs Quelque autre monde Des spirales...
La Désolation règne sur son lit de deuil Pauvre Maria arrachée au poète Quelque part la mer roule au loin son écume Mais il nous faut nous aussi faire silence Le monde est plein de mystère La beauté est une énigme de prophète Le jour nous aveugle où chaque...
La Mort est cachée dans nos grandes villes Elle est comme étrangère Elle qui rend tout étrange En son œil pourtant se dispense la liberté Les grandes villes sont serves Elles dorment sur leur lit d’évidences Elles dévorent les hommes Leur arrachent un...
Nef La parole ne remonte pas le fil de son dire De telle manière qu’elle n’a qu’un seul sens De lecture Mais ce sens lui-même est en vogue Dans les contrées inentamées Et inentamables Et comment dire autrement Cette parole ? Ce chemin dérisoire De pensée...
Ouverture libre face à cet innommable Être découvert chu des étants les plus proches Quand nous saisi l’Angoisse aux flancs inabordables On ne sait quoi faire de ce rien qui s’approche Le silence troublant de cet appel profond Nous réveille du On et l’Authenticité...
*** Repos sur la Lune Vivifie, meurt, saugrenue, nue, sur les ombilics d’arbres suspendue J’écoute le néant anagrammer son vide de sens L’éternité dérisoire les mouches qui marchent à l’envers Les poètes qui collent des mouches en leurs vers Les démagologistes...
Voilà une feuille voilà de quoi écrire Pourtant rien ne me vient alors je tourne en rond Je regarde mon œuvre où tout mot prête à rire Avec ce faux sublime qui plaît au laideron J’enrage je fulmine et quoique je soupire Après le prochain texte ou le prochain...
Rien ne sera aisé à l’homme pour Te plaire Le parfum monte au nez d’un pas moins salutaire Pour celui qui écrit qu’une fumée bien riche Sacrifice heureux que ton agneau fétiche Et quoique bon vivant pourtant je désespère De te combler un jour Notre si...
Lorsque mon vieux maître me parlait des poètes Il disait reconnaître l’élu parmi ses pairs En celui qu’on venait chercher quand l’âme inquiète Puise le réconfort dans la magie des vers Longtemps je méditais ces paroles apprises Et souvent je voyais à...
Sous le maigre tombeau une ossature aimée Charpente d’ossements en décomposition Momie de la Toussaint venue du grand jamais Respirer quelques fleurs de ma composition Spectres de confétis tout le bal est en liesse C’est le temps où les morts se font...
